Article rédigé par le Dr Antoine DEMONCEAUX – Président du Centre Ressource de Reims
L’été s’achève avec sa dose de soleil, de ciel bleu et de lumière du jour pendant des heures. La lumière agit sur notre cerveau. Elle joue un rôle important dans la production et la régulation des neurotransmetteurs, molécules chimiques qui servent à moduler notre humeur, à apprendre et à stocker les informations.
Et si la lumière manque
À partir du mois de septembre, nous voyons la durée du jour diminuer ; à ceci s’ajoute le changement d’heure. Pour certains, c’est l’entrée dans un état de fatigue et de morosité appelé dépression saisonnière. Nous retrouvons ces mêmes symptômes lorsque nous travaillons de nuit et cela me rappelle les gardes hospitalières qui étaient difficiles à récupérer ou en cas de décalage horaire avec cette sensation de ne jamais se réveiller vraiment.
Cet état de fatigue et de trouble de l’humeur donne l’impression de vivre au ralenti et d’avoir constamment envie de dormir. La faute en est à la mélatonine. En temps normal, son pic cérébral s’effectue à la tombée de la nuit et cesse lors de la levée du jour. Mais une certaine intensité lumineuse est nécessaire pour faire chuter sa sécrétion. Lors de la période hivernale, l’intensité lumineuse est si faible que la mélatonine peut continuer à se produire même en plein jour. Tout le système cérébral est alors affecté et la régulation de notre humeur est perturbée. La plus mauvaise solution sera de prendre des antidépresseurs, au risque d’avoir des résultats très moyens et une accoutumance aux médicaments.
La mélatonine a un effet sur la sérotonine. Cette cascade de neurotransmetteurs peut avoir une incidence sur l’appétit, notamment par le biais de l’hormone de la satiété. Nous pouvons avoir la sensation d’avoir toujours faim. Avec la sédentarité, cela peut expliquer en partie la prise de poids hivernale.
Certaines études ont montré que le manque de lumière, du fait du déséquilibre produit sur l’organisme, peut aussi affecter nos défenses immunitaires.
Les solutions
Elles passent par une seule voie : la lumière. La réponse la plus simple est de s’exposer dès le réveil à une lumière la plus intense et la plus blanche possible : allumons tous nos éclairages pour éviter de rester dans la pénombre. Chassons la mélatonine par tous les moyens. Sortons le plus souvent possible pour s’exposer à la lumière du jour. L’activité physique, une simple marche, peut nous aider à trouver notre équilibre. Si cela ne suffit pas, nous pourrons alors utiliser la luminothérapie. Elle consiste en une exposition de 15 à 30 minutes à une lumière blanche (comme le soleil) produite par une lampe conçue pour cela. Pour que cela soit efficace, il faut s’exposer dès le réveil, pendant le petit déjeuner par exemple à une intensité de 5000 à 10000 lux. Certaines lampes ajoutent du bleu pour intensifier l’effet. Cette thérapie produit très peu d’effets collatéraux, mais chez certaines personnes très sensibles, nous pourrions retrouver des maux de tête, des nausées et un peu de troubles du sommeil. Il suffit de varier le temps d’exposition.
Les contre-indications
Peu nombreuses, elles sont cependant impératives. Les affections de l’oeil comme le glaucome, qui produit une tension anormale du globe oculaire, la cataracte ou les problèmes de rétines comme la dégénérescence (DMLA) ou les conséquences d’un diabète sont des contre-indications. L’allaitement est une contre-indication relative, la luminothérapie pouvant contrarier les rythmes du nourrisson. La grossesse, par contre, peut être une bonne indication. La luminothérapie, encore appelée photothérapie ou héliothérapie, a fait ses preuves d’un bienfait lors des épisodes de dépression saisonnière. Cela ne pourra pas remplacer un bon éclairage matinal et des sorties fréquentes pour s’aérer, marcher et profiter de la lumière du jour.
Prenez bien soin de vous et bonne rentrée.